Gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe Centrale : L’Allemagne, l’Espagne et le Portugal favorables

Fakhreddine Messaoudi
2022-08-18T10:55:28+02:00
Hydrocarbures
Gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe Centrale : L’Allemagne, l’Espagne et le Portugal favorables

Depuis le début du conflit Russo-Ukrainien, les occidentaux ne cessent d’émettre de lourdes sanctions à la Russie en commençant par bouder ses hydrocarbures. De ce fait l’Europe, quasi dépendante du gaz russe, se retrouve au sein d’une crise énergétique importante et la Russie, qui a bien compris les enjeux, continue de se défendre en utilisant cette « arme énergétique » en représailles aux sanctions dont elle fait l’objet.

Pour mettre un terme à la dépendance des hydrocarbures russe, l’Europe a entrepris une large campagne de recherche de diversification de son approvisionnement en gaz et pétrole, à travers des contacts, des visites de hauts responsables, et des négociations de nouveaux contrats avec tous les autres pays producteurs. Pour que cette diversification puisse se concrétiser, il faut non seulement mettre en œuvre de nouveaux contrats d’approvisionnement, mais aussi disposer soit des pipelines de transport, soit des terminaux de regazéification de GNL« Gaz Naturel Liquéfié » reliés eux-mêmes aux pays consommateurs par des gazoducs de transfert d’une région de l’Europe à une autre.

Il faut rappeler qu’environ 55% du gaz consommé annuellement en Allemagne sont importés de Russie soit approximativement 55 Milliards de m3, et 35% importés de Norvège et des Pays-Bas. Le gaz naturel arrive en Allemagne par des gazoducs et est ensuite injecté dans le réseau de transport, puis dans le réseau de distribution. Or pour le moment l’Allemagne ne détient aucun terminal de « regazéification » ce qui fait d’elle un pays non compatible avec l’approvisionnement en GNL.

Par contre l’Espagne à elle seule possède le plus grand nombre de terminaux de regazéification (6), dont les capacités totales sont largement supérieures à leurs besoins. Le Portugal situé aussi dans la péninsule ibérique en possède une autre, ce qui fait de cette partie de l’Europe un récepteur par excellence de volumes importants de GNL pouvant être transférés vers l’Europe centrale, à condition que les capacités existantes en gazoducs le permettent, ce qui n’est pas le cas.

L’Allemagne est favorable à un projet de taille qui concerne la mise en place d’un gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe Centrale. Suite aux déclarations du chancelier allemand« Olaf Scholz » en faveur de ce gazoduc, les gouvernements espagnol et portugais ont accueilli avec enthousiasme cette idée.
Le premier ministre portugais « Antonio Costa » a déclaré que le gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe Centrale est « une priorité » pour son pays tout en saluant cette prise de position du chancelier allemand qui « renforce la pression sur les institutions européennes ». Il a aussi ajouté, quant à la position du Portugal, que le pays « peut jouer un rôle important » dans la contribution d’une Europe« autonome sur le plan énergétique » vis-à-vis de la Russie.
Du côté espagnol « Teresa Ribera » la ministre de la Transition Energétique s’est exprimée à la Télévision Nationale (TVE) en affirmant que l’Espagne était prête à faire des efforts et à faciliter l’accélération de la construction de ce gazoduc, prônant « une plus grande implication des institutions communautaires » et « des gouvernements des États membres ». Concernant la production, la ministre espagnole a indiqué qu’en « deux mois, trois mois » l’Espagne pourrait « fournir entre 2 et 2,5% du gaz qui peut être consommé dans l’ensemble de l’UE » en ajoutant « un compresseur supplémentaire » sur les deux petits gazoducs qui relient l’Espagne à la France à travers le pays basque (nord-ouest de l’Espagne) à une seule condition « que la France soit en mesure d’acheminer ce gaz vers le centre de l’Europe ».

Selon « Olaf Scholz », dans l’optique de « soulager et détendre la situation de l’approvisionnement » de gaz, l’Europe devrait permettre de créer une interconnexion qui lie le Portugal et l’Espagne à l’Europe Centrale, tout en estimant que le vieux continent manquait « drastiquement » de cette interconnexion plus que nécessaire.

La France ne semble pas favorable :      

La France n’est pas à sa première opposition. En 2013 un projet de gazoduc entre la « Catalogne » et le sud-est de le France baptisé « MidCat » a été initié. Ce projet s’est vu très vite abandonné par faute d’accord sur son financement, d’un réel soutien de la part de la France, mais aussi pour des « pseudos » raisons écologique. « Teresa Ribera » pour sa part estime que l’abandon de ce projet était du fait qu’il n’était pas « viable économiquement dans un contexte où le gaz russe était beaucoup moins cher que le gaz naturel liquéfié ». Quant au projet du gazoduc reliant la péninsule ibérique à l’Europe Centrale, il sera opérationnel, si toutefois toutes les conditions sont réunis dans « approximativement huit à neuf mois » selon la ministre espagnole.
A noter que ce gazoduc prévoit aussi le « transport d’hydrogène » selon les déclarations d’une source anonyme à l’Agence France Presse. Le montant de cet investissement s’élèvera quant à lui à 370 Millions d’Euro dans le cas où l’UE valide le projet.

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