Gaz offshore du Bassin du Levant : La priorité du contentieux entre le Liban et Israël

Fakhreddine Messaoudi
2022-09-11T15:27:33+02:00
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi11 septembre 2022
Gaz offshore du Bassin du Levant : La priorité du contentieux entre le Liban et Israël

Le négociateur américain « Amos Hochstein », chargé par le président ÉtatsUnis d’Amérique « Joe Biden » de jouer actuellement le rôle de médiateur entre le « Liban » et « Israël » pour régler leur différend frontalier maritime et lever les obstacles sur la prospection d’hydrocarbures, s’est rendu ce vendredi à « Beyrouth » ou il a expliqué qu’il restait « encore du travail à faire » pour régler cette question sur le potentiel pétrolier et gazier en off-shore.

« Le Liban pourrait être à la veille de la signature d’un accord sur la délimitation de sa frontière maritime avec Israël. C’est en tout cas l’impression que distillent les milieux politiques et officiels impliqués dans ce dossier » avait récemment indiqué le quotidien francophone libanais L’Orient-le-Jour. « On parle même de la possibilité d’un accord dans le courant du mois de septembre… sauf imprévu » lit-on encore dans ses colonnes.
Ce contentieux entre le Liban et Israël quant à la délimitation de leur frontière maritime et donc du partage des ressources gazières pouvant être exploitées en off-shore risque de durer longtemps compte tenu des tensions politiques qui existent entre les deux pays. « Amos Hochstein » a fait état d’un « très bon progrès » entre les deux pays qui négocient indirectement, tout en soulignant qu’il y a « encore du travail » à accomplir pour arriver à un accord.

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La zone disputée se trouve dans le BassinduLevant, la zone géologique où se trouvent « Tamar » et « Léviathan » les deux plateformes offshores israéliennes. Elle s’étend non seulement sur les eaux israéliennes, mais aussi palestiniennes, libanaises, chypriotes et syriennes. Selon l’analyse géologique américaine, ces ressources en gaz sont estimées à 3400 milliards de m3, soit l’équivalent, quasiment, de la moitié des réserves conventionnelles américaines. Vu que la population de Chypre, du Liban, d’Israël, et des territoires palestiniens s’élève à moins de 17 millions d’habitants, les profits potentiels de ces gisements sont extraordinaires.

Du côté israélien, le site d’information « Walla » avait relayé le 31 août, les propos d’un responsable de la Maison Blanche, affirmant que Washington, qui joue le rôle de médiateur entre les deux pays, « continue à réduire les écarts entre les parties » jusqu’à ce « qu’un compromis peut être atteint »
Début août, le quotidien israélien « Haaretz » avait rapporté qu’une source très proche du dossier, a confié qu’Israël « considérait le mois de septembre comme une date cible pour la conclusion d’un accord final ».

L’accord entre les deux pays est plus que nécessaire dans la conjoncture énergétique actuelle :

« La crise énergétique internationale étant ce qu’elle est actuellement, tout le monde a intérêt à trouver une solution, même le Hezbollah » estime « Ziad Majed », professeur de sciences politiques à l’université américaine de Paris. Le Liban endetté et empêtré dans une crise socio-politico-économique, a un besoin vital à commencer l’exploration de ses potentielles réserves d’hydrocarbures. Du côté israélien également, un accord avec le Liban lui serait favorable puisqu’il lui permettrait de sécuriser et d’augmenter ses capacités de production de gaz.
Les occidentaux voient d’un bon œil l’accord qui pourrait éventuellement avoir lieu entre les deux pays « Washington œuvre également en faveur d’une conclusion rapide afin que de nouvelles pistes alternatives au gaz russe puissent émerger et ainsi maintenir la pression sur Moscou » toujours selon « Ziad Majed ».
D’ailleurs, l’administration « Biden » considère ce contentieux comme hautement important et l’a d’ores et déjà classé parmi ses priorités diplomatiques pour cette année. La Maison Blanche a indiqué, après un entretien téléphonique effectué le 31 août entre « Joe Biden » et l’actuel premier ministre israélien « Yaïr Lapid », que le président américain avait « souligné l’importance de conclure les négociations sur la frontière maritime entre Israël et le Liban dans les prochaines semaines »

Le Hezbollah met en garde mais reste prudent :

Le parti politique « Hezbollah » s’est autoproclamé défenseur des réserves d’hydrocarbures libanaises en faisant face à Israël et en multipliant les menaces verbales à son encontre depuis quelques mois maintenant. Une situation légèrement tendue et volatile qui peut créer des escalades à tout moment. Toutefois « Hassan Nasrallah » chef du partie « Hezbollah » au Liban s’est retenu les dernières semaines afin de laisser les négociateurs de son pays avancer sur le dossier depuis l’arrivée, début juin, d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) dans la zone maritime contestée. Cette unité appartient au groupe israélien « Energean », et est chargée par le gouvernement israélien d’exploiter le champ gazier offshore de « Karish » puisque Israël la considère comme faisant partie de sa zone économique et donc non concerné par le litige, tandis que le Liban lui la considère comme faisant partie des eaux contestées.
D’ailleurs début juillet, trois drones non armés en direction du champ contesté de « Karish » ont été envoyés par le Hezbollah pour des missions de reconnaissance. Ces derniers avaient été interceptés par l’armée israélienne avant de s’approcher du champ gazier.

La situation demeure tendue :

Le 13 juillet, « Hassan Nasrallah » a déclaré « Nous disons à l’ennemi de ne pas se tromper, et à [Amos] Hochstein ainsi qu’aux Américains de ne pas tromper les Libanais » pour expliquer son coup de pression qui visait à empêcher des prospections unilatérales dans les blocs contestés, en ajoutant « La résistance est la seule force dont dispose le Liban pour obtenir son droit au pétrole et au gaz »
De l’autre côté, le ministre de la défense israélienne « Benny Gantz » a affirmé le 22 août dans une radio locale qu’une « escalade militaire » est à considérer comme « éventualité » dans ce litige qui les oppose au Liban.

Une partie des combattants du partie « Hezbollah » présents en Syrie a été rappelée au pays puis déployée dans le « Bekaa » et le sud du Liban selon plusieurs médias libanais. « L’escalade militaire est un risque que nul ne peut écarter, et d’ailleurs chaque camp fait savoir qu’il se prépare à un tel scénario » explique Ziad Majed. « Mais aucune partie n’a intérêt à basculer dans la confrontation armée ».

Une escalade militaire pourrait faire régner le chaos dans la région qui de nature est assez tendue géopolitiquement, le Liban déjà en crise économique désastreuse ne s’en sortira pas d’un conflit militaire. Israël non plus n’a pas le droit à l’erreur dans ce contentieux, il ne s’agit pas seulement de ses intérêt mais des intérêts de toute une région et ses alentours.

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