OPEP+ : Une très probable diminution de la production afin de maintenir les prix du brut

Fakhreddine Messaoudi
2022-10-04T14:42:21+02:00
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi4 octobre 2022
OPEP+ : Une très probable diminution de la production afin de maintenir les prix du brut

La réunion « en présentiel », une première depuis Mars 2020, de l’OPEP+, qui regroupe les membres de l’organisation des pays exportateurs de pétrole et plusieurs de leurs alliés dont la Russie, est prévue pour le 5 Octobre à Vienne.

L’organisation internationale devrait sans surprise annoncer une réduction de la production pour soutenir les cours actuels du brut, selon la plupart des analystes. Pour rappel, le prix du baril de pétrole a nettement reculé ces derniers mois en raison des craintes de ralentissement de la demande mais aussi en raison de la crainte de récession frappant les grandes économies.
L’Arabie-Saoudite, chef de file de l’OPEP en raison de son statut de premier exportateur mondial, avait déjà en août dernier examiné la possibilité de diminuer les pompages pour faire remonter le prix du baril, qui a perdu plus de 30% depuis son pic de mars dernier, un pic qui coïncide avec le conflit Russo-Ukrainien.

La réunion devra se tenir dans un contexte tendu :

Il faut savoir qu’au-delà des craintes de récession mondiale, l’OPEP devra prendre en considération le sabotage Nord Stream, survenu la semaine dernière, car il faudra tenir compte de cet incident majeur, son origine, le temps qu’il faudra pour la reprise des livraisons, ainsi que d’éventuelles conditions qui seront posées par la Russie pour la reprise des livraisons … Autant de facteurs nouveaux, pouvant aggraver la crise énergétique actuelle et même la mener vers une véritable « guerre énergétique », au sein de laquelle l’OPEP+ aura des difficultés pour se positionner, et prendre les décisions susceptibles de protéger les intérêts de ses membres mais aussi ceux de l’économie mondiale.

D’ailleurs, bien avant le sabotage présumé du « Nord Stream » l’OPEP, en se basant sur la logique de ses 3 dernières réunions, aurait probablement décidé de réduire sa production afin de maintenir le prix du brut entre 90$ et 100$, une situation qui conviendrait à la majeure partie de ses membres. Mais cette fois-ci, c’est plutôt l’arrêt du North Stream et ses impacts encore inconnus qui ont déjà poussé le prix du baril à la hausse. Auparavant il faut rappeler que même si la production OPEP+ n’a pas pu atteindre le plafond convenu au cours de sa dernière réunion, le prix avait poursuivi sa chute jusqu’au 26 Septembre avec 82,86 dollars pour le Brent. C’est dans ce contexte que l’OPEP devra rendre un verdict qui arrangera, dans une certaine mesure, les pays exportateurs de pétrole mais aussi les pays importateurs, tenant compte du risque de récession qui n’arrangera pas l’OPEP et le marché pétrolier.

Le prix du pétrole en hausse aujourd’hui :

Cette très probable décision de diminution de la production a déjà engendré des conséquences sur les prix du Brent qui ont bondi de plus de 4% ce lundi 3 octobre sur les marchés asiatique. Le WTI, ou le « West Texas Intermediate » référence américaine a gagné 5,4 % se hissant à 83,78 $, alors que le Brent a grimpé a gagné 4,78 % en atteignant 89,21 $ (+ 4,07 $).  « Suvro Sarkar », analyste à la « DBS Bank » estime que « Ce ne sera qu’une question de temps avant que le pétrole ne revienne à 100 dollars le baril, en particulier avec un resserrement de l’offre vers la fin de l’année ».
Cette volatilité des prix très rapide, est considérée comme difficilement appréhendable car Il faut rappeler que vendredi dernier, les cours du pétrole reculaient, le marché étant toujours préoccupé par l’affaiblissement de la demande et dans un contexte de maintenance des raffineries. La perspective d’une possible baisse ne surprend personne

Les experts de chez Goldman Sachs avertissent :

Les prix du pétrole devraient atteindre 125 dollars USD le baril en 2023, malgré la volonté du G7 visant à plafonner le prix du brut russe, selon Goldman Sachs. A ce propos, « Damien Courvalin », responsable de la recherche sur l’énergie chez Goldman Sachs, a déclaré dernièrement à Bloomberg TV jeudi dernier que « Nous pensons qu’il [Brent] passera à 130 dollars le baril à la fin de l’année »

Tout plafonnement des prix sera « baissier en théorie, haussier en pratique » pour les prix du pétrole, en raison de la réaction potentielle de la Russie qui réduira ses exportations vers les pays du G7, a averti la « Goldman Sachs » vendredi tout en ajoutant que « Conformément aux mesures prises sur le marché du gaz naturel, la Russie pourrait choisir de riposter, en coupant les acheteurs du G7 et en arrêtant la production, ce qui ferait grimper les prix mondiaux et ses propres revenus encore plus haut ».

Pour rappel, la Russie a déjà riposté aux sanctions occidentales en bouleversant les marchés européens du gaz naturel. Elle a interrompu les flux de gaz dans des pipelines clés comme « Nord Stream 1 », bien avant l’incident du sabotage présumé, ce qui a fait grimper les prix de référence de plus de 200% depuis juin. La Russie a déclaré qu’elle cesserait d’exporter du pétrole vers tout pays qui tenterait d’imposer un plafonnement des prix.

Important à savoir : L’OPEP se réunira chaque mois !

L’OPEP se réunira mercredi physiquement à Vienne, « pour la première fois depuis mars 2020 » date de l’apparition du Covid19. Avant la crise sanitaire, les producteurs se retrouvaient deux fois par an dans la capitale autrichienne. Depuis le printemps 2020, les 23 membres se réunissent chaque mois, par vidéoconférence, pour affiner au mieux leurs objectifs devant la volatilité de la demande. Au printemps 2020, ils avaient laissé volontairement sous terre des millions de barils pour ne pas inonder le marché avec un pétrole qu’ils ne pouvaient pas écouler du fait des confinements et restrictions sanitaires. La recette a bel et bien fonctionné, puisque même si les prix, sont tombés à un niveau négatif au printemps 2020, ils sont remontés sous l’effet de cette politique. L’accalmie revenue, l’OPEP a alors de nouveau décidé d’augmenter graduellement à chaque mois la production depuis 2021. Mais face aux craintes de récession, l’alliance avait opté début septembre pour une réduction des volumes. Une stratégie finalement gagnante grâce à une parfaite cohésion entre les membres de l’OPEP+.

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