SYNTHESE CONSOLIDEE DES RESULTATS DE LA COP30 (Belém, Brésil)

Rédaction (A.M)Il y a 5 heures
SYNTHESE CONSOLIDEE DES RESULTATS DE LA COP30 (Belém, Brésil)

Par : Eng. Habib EL ANDALOUSSI

Ancien Directeur de la Section Energie/ Division

Des Politiques de Développement Durable (UN-ESCWA)

La COP30 s’est conclue avec un mélange d’avancées techniques, d’engagements volontaires hors ONU, et de résultats mitigés sur les sujets les plus sensibles, en particulier les énergies fossiles et les financements climatiques. Trois décisions majeures — fossiles, adaptation et tensions commerciales — ont été regroupées dans le « texte du mutirão », symbolisant un « effort collectif » inspiré des cultures autochtones brésiliennes.

NB Le mot « Mutirão » a été adopté et utilisé lors des négociations de la COP30. Il est issu de la langue autochtone amérindienne et signifie « efforts collectifs » ou « action collective au service du bien commun ».

1. Énergies fossiles : avancées volontaires mais pas d’engagement contraignant

  • La COP30 adopte le lancement d’une « initiative volontaire » visant à renforcer les efforts pour maintenir le réchauffement sous +1,5°C.
  • Cette initiative mentionne indirectement l’engagement de la COP28 d’« abandonner les énergies fossiles à terme », sans employer le terme “fossiles” dans le texte officiel pour éviter un blocage.
  • Deux réunions de suivi sont prévues en juin et novembre 2026, avec un rapport présenté à la COP31 en Turquie.
  • Malgré le soutien de + de 80 pays, la COP n’a pas réussi à adopter une feuille de route explicite de sortie des énergies fossiles.
  • En réaction, la présidence brésilienne a annoncé qu’elle lancerait hors du cadre onusien :
    • une feuille de route sur la transition hors fossiles ;
    • et une autre sur la lutte contre la déforestation.

Ces feuilles de route resteront volontaires, sans valeur de décision collective de la COP.

2. Financement de l’adaptation : objectif de triplement, mais sans ressources nouvelles

  • Le mutirão appelle à « au moins tripler » l’aide à l’adaptation d’ici 2035, ce qui correspondrait à ≈$120 milliards/an, mais l’année de référence n’est pas clairement définie.
  • Cet effort devra être réalisé à l’intérieur de l’enveloppe existante : $300 milliards/an d’ici 2035 de financements climatiques globaux annoncés par les pays développés.
  • Cela signifie :
    • Pas de nouveaux financements promis par les pays industrialisés,
    • Une redistribution interne entre adaptation et atténuation.
  • Exemple d’usages : infrastructures résilientes, agriculture adaptée, renforcement des bâtiments et réseaux, etc.

Parallèlement, la COP30 a également adopté 59 indicateurs mondiaux pour suivre les progrès en matière d’adaptation, ce qui constitue une véritable avancée technique.

3. Tensions commerciales : un nouveau dialogue climatique-mondialisation

Pour la re fois dans l’histoire des COP, les États ont décidé d’ouvrir un dialogue de 3 ans sur les tensions commerciales liées à la transition. (Ça va titiller M. Trump!)

  • C’est une victoire diplomatique pour la Chine, soutenue par l’Inde et d’autres émergents.
  • Ce processus vise à discuter :
    • des taxes carbone aux frontières (dont celle de l’UE),
    • des restrictions commerciales liées au climat,
    • des impacts sur les pays exportateurs

C’est une nouveauté majeure, intégrant formellement la dimension géo-économique dans les négociations climat.

4. Fonds pour les forêts : un mécanisme financier innovant dirigé par le Brésil

Hors décision officielle de l’ONU, le Brésil a lancé un fonds d’un nouveau genre :

  • Fonctionnement : investir sur les marchés financiers ; les revenus seront distribués aux donateurs et aux pays en développement selon les hectares de forêt réellement protégés.
  • Engagements initiaux : ≈ $5,5 milliards (Brésil 1 Md, Norvège 3 Md, Indonésie 1 Md, Allemagne 1 Md €, France jusqu’à 500 M€, Portugal 1 M€).
  • Objectif final : lever $125 milliards.

Ce mécanisme pourrait devenir un outil majeur pour financer la protection des forêts tropicales.

5. Méthane, carburants durables et charbon : engagements volontaires sectoriels 

Plusieurs initiatives volontaires ont été annoncées

  • Méthane : renforcement des actions face à ce gaz très puissant, en coordination avec des programmes internationaux.
  • Carburants durables : lancement d’initiatives pour quadrupler leur utilisation d’ici 2035 (initiative « Belém 4X »).
  • Charbon : la Corée du Sud a annoncé l’élimination progressive du charbon dans ses centrales électriques.

Ces annonces s’inscrivent dans la tendance de la COP30 : des engagements hors ONU, souvent plus ambitieux que les décisions officielles.

6. Santé, biodiversité, emploi et logement durable (autres décisions importantes)

En complément du texte que vous avez fourni, la COP30 a également abouti à :

Santé et climat

  • Adoption du Plan d’action de Belém pour la santé, en partenariat avec l’OMS.
  • Renforcement des systèmes de santé face aux risques climatiques.

Océans et biodiversité

  • 17 pays rejoignent le “Blue NDC Challenge” : intégration de l’océan dans les stratégies climat.
  • Lancement du « One Ocean Partnership », visant à mobiliser $20 milliards pour une économie bleue régénérative.

Logement et bâtiments durables

  • Création du premier Conseil ministériel « Bâtiments & Climat » avec un « Appel de Belém » pour des logements abordables et bas carbone.

Emplois et compétences

  • Lancement de la Global Initiative on Jobs & Skills for the New Economy, estimant des centaines de millions d’emplois potentiels dans la transition.

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Bilan global consolidé

Points positifs

  • Avancées structurantes sur l’adaptation (triplement + 59 indicateurs).
  • Innovation majeure avec le fonds forestier brésilien.
  • Engagements sectoriels (méthane, carburants durables, charbon).
  • Intégration inédite des tensions commerciales dans le cadre des COP.
  • Forte mise en avant de la santé, des peuples autochtones et de la justice climatique.

Limites et critiques

  • Pas de feuille de route contraignante pour la sortie des fossiles.
  • Financements d’adaptation renforcés mais sans argent nouveau.
  • Plusieurs progrès relèvent d’initiatives volontaires, donc non contraignantes.
  • Les pays du Nord et du Sud restent divisés sur le financement et les responsabilités historiques.
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