L’Allemagne, dos au mur, nationalise son géant du gaz « Uniper » pour assurer la sécurité énergétique

Fakhreddine Messaoudi
2022-09-22T15:22:12+02:00
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi22 septembre 2022
L’Allemagne, dos au mur, nationalise son géant du gaz « Uniper » pour assurer la sécurité énergétique

Asphyxié par les coupures de gaz russe via le gazoduc « Nord Stream 1 », le géant gazier allemand « Uniper » se retrouve dans une situation économique tendue, une première en Allemagne.

Cet été a été marqué par la décision inattendue de fermeture temporaire du gazoduc « Nord Stream 1 », exclusivement dédié à l’approvisionnement de gaz de l’Allemagne. Cette décision, justifiée par un problème technique dû à une turbine défaillante, a engendré pas une, mais des conséquences majeures. Parmi elles, la crise d’« Uniper », le principal fournisseur d’énergie en Allemagne, qui « aurait pu » déposer le bilan si l’état n’avait pas pris les choses en main. Explication.

Le groupe « Uniper » va passer sous le giron de l’Etat allemand.

Pour éviter une faillite certaine qui provoquerait un séisme sur le marché de l’énergie, Berlin va nationaliser le géant gazier, comme l’ont annoncé, ce mercredi, Berlin et le propriétaire finlandais de l’entreprise, groupe public finlandais « Fortum ».
« Le gouvernement va prendre en main environ 99% d’Uniper », a indiqué le ministère allemand de l’Economie dans un communiqué, en réitérant qu’ « Uniper est un pilier central de l’approvisionnement énergétique allemand » en guise de justificatif à la décision de nationalisation. D’ailleurs, à titre d’information, le groupe « Uniper » fournit en gaz des centaines de municipalités allemandes, et sa faillite porterai préjudice à l’économie allemande et secouerait fortement le marché énergétique à cause des pénuries d’énergie.

Concrètement, l’Allemagne va acheter au prix de 1,70€ par part, l’ensemble des actions du groupe public finlandais « Fortum » pour un total de 500 millions d’euro, selon le document. Berlin procédera également à une augmentation de capital de 8 milliards d’euros, a encore indiqué le gouvernement. Cet accord prévoit aussi le remboursement, par l’état allemand, d’un prêt de 8 milliards d’Euro que « Fortum » avait accordé à sa filiale
Ce « désinvestissement d’Uniper est le bon pas à faire, non seulement pour Uniper mais aussi pour Fortum », a commenté « Fortum » dans un communiqué.

Les alternatives ne manquaient pas mais le rythme aurait été insoutenable :

« Uniper » aurait pu résister ou s’en sortir, mais il faut remettre la situation dans son contexte pour comprendre les enjeux. « Uniper » a des clients et des contrats qu’elle doit honorer, et son principal fournisseur n’est autre que le russe Gazprom. Néanmoins, ce dernier a été contraint en septembre dernier de fermer le principal gazoduc qui fournissait du gaz à l’Allemagne, le fameux « Nord Stream 1 » pour des raisons officiellement techniques mais officieusement politiques. « Uniper » dans une telle situation tendue, doit désormais, pour honorer ses contrats comme souligné plus haut, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix ont explosé. Résultat, des pertes engendrées s’élevant, au total, à « 8,5 milliards d’Euros » indiquait un communiqué de « Fortum » ce mercredi.

Il faut rappeler qu’en juillet dernier, Berlin avait, en effet, débloqué un plan de sauvetage massif pour aider le premier importateur et stockeur de gaz d’Allemagne, des facilités de crédit de 9 milliards d’euros auprès de la banque publique allemande KfW. L’Etat allemand est aussi entré dans le capital de l’énergéticien, à hauteur de 30%, assortis d’obligations convertibles obligatoires « jusqu’à 7,7 milliards d’euros ». C’est-à-dire que dans une certaine mesure, ça ne serait pas la première fois que le gouvernement allemand tend la main à son premier fournisseur d’énergie afin de lui éviter une inéluctable faillite.

Les allemands vont devoir se serrer la ceinture :

Pour amortir la hausse des tarifs du gaz, « Uniper » ne sera pas seul à relever le défi. Les importateurs et distributeurs de gaz, dont « Uniper », sont autorisés à répercuter, à partir du 1er octobre, sur leurs clients la hausse des prix du gaz, qui, on le rappelle, a été multipliée par huit (x8). Ils pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers.
En contrepartie, le gouvernement a dévoilé, le 4 septembre dernier, un nouveau plan d’aide au pouvoir d’achat et aux entreprises, à travers des mesures totalisant 65 milliards d’euros, selon le projet d’accord. Les aides comprennent notamment un chèque versé aux étudiants et aux retraités, ainsi qu’une augmentation de l’allocation logement, selon l’AFP.

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