Hydrocarbures : Pourquoi parle-t-on d’une crise énergétique mondiale et qui pourrait en souffrir le plus ?

Fakhreddine Messaoudi
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi10 novembre 2022
Hydrocarbures : Pourquoi parle-t-on d’une crise énergétique mondiale et qui pourrait en souffrir le plus ?

« Nous sommes au cœur de la première crise énergétique mondiale »selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Elle affirme qu’à cause d’elle, des dizaines de millions de personnes à travers le monde risquent de ne plus avoir accès à l’électricité ou au carburant pour leur foyer. Le prix du gaz naturel a été multiplié par près de cinq (x5) fois depuis l’été 2020. Il s’est vendu sur les marchés internationaux pour l’équivalent de 250 dollars par baril de pétrole voire même plus à des moments de pic.

Pourquoi les prix de l’énergie ont-ils tant augmenté ?

La Russie a réduit de plus de 80% l’approvisionnement en gaz naturel des pays de l’Union Européenne (UE) en raison de leur opposition au conflit Russo-Ukrainien, ce qui a entraîné une surenchère de l’approvisionnement en gaz dans le monde. Le prix du gaz naturel avait déjà augmenté avant le début de la guerre. Au fur et à mesure que les pays sortaient des blocages causés par la pandémie de Covid-19, les industries ont commencé à en utiliser beaucoup plus (Période de redémarrage industriel)
Les prix du charbon ont également fortement augmenté, triplant au cours de l’année écoulée. Cela s’explique par le fait qu’en raison de la pénurie de gaz, de nombreuses centrales électriques dans le monde se sont mises à utiliser du charbon plutôt que du gaz, et il n’est pas impossible qu’elles passent au fuel dans un proche avenir!
Le prix du pétrole, troisième grande source d’énergie fossile, a également augmenté, car les pays membres de l’UE, ainsi que des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis, ont interdit les achats de pétrole russe.
En conséquence, cela a créé de nouvelles pénuries de pétrole et, à son apogée, le Brent a frôlé les 130 dollars USD le baril en juin dernier. Le prix se situe désormais entre 90 et 95dollarsUSD le baril.

Selon l’AIE, la crise énergétique de cette année est pire que les chocs pétroliers des années 1970, car elle concerne non seulement le pétrole, mais aussi le gaz naturel et le charbon. Elle affecte également la vie de beaucoup plus de personnes dans le monde, notamment dans les pays en développement.

Quelles sont les personnes les plus menacées par les prix élevés de l’énergie ?

Les prix élevés des combustibles ont augmenté le coût de production de l’électricité et les prix que les consommateurs paient pour celle-ci. L’AIE affirme qu’au cours des dernières années, des centaines de millions de personnes supplémentaires dans le monde ont pu se permettre de s’approvisionner en électricité pour leur foyer. Mais en raison de la hausse des prix, 75 millions de personnes pourraient ne plus être en mesure de s’approvisionner en électricité.
Des centaines de millions de personnes dans les pays en développement utilisent également des le gaz de pétrole liquéfié (GPL) pour un usage ménager. Au Nigeria, le prix du GPL a presque doublé au cours de l’année écoulée. Toujours selon l’AIE, 100 millions de personnes pourraient ne plus avoir les moyens d’utiliser le GPL ménager et être obligées d’utiliser du bois de chauffage à la place. Cela crée un problème de santé assez impactant car la fumée issue de la déflagration du bois provoque des lésions aux poumons et à dans un spectre plus large contribue au réchauffement climatique

Dans quelle mesure les producteurs de pétrole de l’OPEP sont-ils à blâmer ?

La Russie est accusée d’avoir provoqué la crise énergétique en freinant les exportations de gaz vers les pays de l’UE, qui l’accusent d’utiliser « l’arme énergétique » comme moyen de défense. Toutefois, les 22 pays producteurs de pétrole du groupe OPEP+ (qui comprend également la Russie) ont également joué un rôle selon les européens. En 2020, les pays de l’OPEP+ ont réduit leur production de pétrole de plus de neuf millions de barils par jour en raison de la baisse de la demande pendant la pandémie du Covid-19. Lorsque la pandémie a pris fin et que la demande de pétrole a augmenté, les pays de l’OPEP+ n’ont que légèrement augmenté leur production en suivant la demande selon leurs analyses, afin de défendre un juste prix. Mais ce n’est pas l’avis des pays gros consommateurs qui estiment que cela a créé des pénuries internationales, faisant grimper les prix de l’essence dans le monde entier. Début octobre, l’OPEP a de nouveau réduit sa production, de deux millions de barils par jour, en déclarant que c’est conforme au marché, et bien sûr pour défendre un prix raisonnable selon cette organisation. Il y a une partie des experts qui assurent que l’OPEP+ n’est pas à blâmer et considèrent les actions de cette dernière comme étant des actions purement commerciales. La réduction des investissements dans le secteur des hydrocarbures, ainsi que  les pertes qu’ont enregistré les pays producteurs de pétrole pendant la période de la Covid ont impacté de manière négative leurs économies et par conséquent le redémarrage de la production. Aussi fallait-il compenser les pertes économiques, d’autant plus que la majeure partie des membres de l’OPEP ont une économie basée exclusivement sur les hydrocarbures. Toujours est-il que l’OPEP+ ne considère comme prioritaire et important que les intérêts de ses membres, en poursuivant la mise en œuvre d’une stratégie basée sur la surveillance du marché et la préservation d’un prix qui puisse être stable sur la durée, ni trop haut et susceptible de chuter gravement et subitement, ni trop bas et préjudiciable pour leurs économies.

Comment mettre fin à la crise ?

Certains pays producteurs ont réagi à la crise énergétique mondiale en augmentant leur production de combustibles fossiles. Aux États-Unis, les entreprises devraient augmenter la production de gaz naturel pour atteindre des niveaux record en 2022, puis en 2023. Une grande partie de ce gaz sera vendue aux pays de l’UE sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).
Toutefois, l’Europe pourrait avoir à endurer un hiver difficile, avec des prix du gaz toujours élevés, avant que ces nouveaux approvisionnements en GNL n’arrivent, encore faut-il assurer la quantité demandée. L’AIE estime que les énergies renouvelables joueront un rôle clé dans la résolution des pénuries d’énergie dans le monde au cours des prochaines années. Elle affirme que d’ici à 2030, les entreprises du monde entier devraient investir 2 000 milliards de dollars, par an dans les énergies propres. D’ici là, les États-Unis pourraient produire deux fois et demie la quantité d’énergie solaire et éolienne qu’ils produisent actuellement.

La Chine et l’Inde devraient toutes deux augmenter leur production d’énergie propre.
D’ici à 2030, l’AIE prévoit que l’Inde se rapprochera de son objectif de production de deux tiers de son électricité à partir de sources renouvelables.

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