S’éloigner du gaz, un « enjeu existentiel » pour l’UE, alerte le Shift Project

Fakhreddine Messaoudi
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi13 décembre 2022
S’éloigner du gaz, un « enjeu existentiel » pour l’UE, alerte le Shift Project

Passer à des « énergies décarbonées » est devenu « un enjeu existentiel pour l’UE », confrontée à trop de risques et incertitudes sur son approvisionnement en gaz, estime le think tank« Shift Project » dans un rapport publié mardi.

Alors que la reprise des livraisons de gaz russe est incertaine, l’UE doit se préparer à « une compétition sévère avec l’Asie », énorme importatrice de gaz, et même à des déficits chroniques sur le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL), note le rapport publié ce 6 décembre. Car Chine, Bangladesh, Inde, Pakistan… tous veulent du gaz, pour sortir du charbon, et les besoins d’importation nette de l’Asie sont en train de dépasser ceux de l’Europe.

Outre des prix élevés, cette concurrence est porteuse de conséquences géopolitiques, avec par exemple des économies vulnérables du Sud de l’Europe et de l’Asie qui la subissent déjà, met en garde cette analyse de risque, conduite sous l’égide du ministère de la Défense et sur la base de données de la société d’intelligence économique « Rystad Energy ».

« Rystad » table sur des prix hors norme en Europe au moins jusqu’en 2024. Mais du fait de possibles tensions sur le GNL, ce « retour à la normale pourrait ne pas advenir », aboutissant in fine à une « destruction de la demande », notamment la disparition de pans de l’industrie, selon cette analyse.
Le rapport souligne une situation « structurelle », due à « près de deux décennies de déclin de la production gazière en Europe (mer du Nord britannique et néerlandaise), et au retard tout aussi ancien dans la sortie des énergies fossiles ».

« Il y a un droit d’inventaire à faire sur la politique énergétique européenne », estime Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, qui parle « d’aveuglement, dont on [l’Europe] paie les conséquences ».

Quant au GNL, le développement de capacités de production sera « la variable de premier ordre », dit le rapport, au Qatar ou aux Etats-Unis, ainsi que la capacité de l’UE à créer des infrastructures de regazéification, facteur d’incertitude jusqu’en 2025 au moins.

Une seule solution : Agir sur la demande et décarboner son énergie

Pour M. Auzanneau, l’Europe est « dos au mur », avec pour solution d’agir sur la demande et décarboner son énergie. « La transformation vers une économie sobre en énergie et en matière, avec le développement de sources d’énergie bas-carbone, apparaît comme un enjeu existentiel pour l’UE, face à l’ampleur des risques et incertitudes que cumule notre situation précaire », conclut le rapport.

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