Une première : La Colombie s’engage à ne plus exporter son pétrole ou à explorer de nouveaux puits

Fakhreddine Messaoudi
2023-02-05T11:46:24+01:00
Hydrocarbures
Fakhreddine Messaoudi5 février 2023
Une première : La Colombie s’engage à ne plus exporter son pétrole ou à explorer de nouveaux puits

C’était la volonté du nouveau président colombien Gustavo Petro, investi en août 2022. L’État sud-américain sera le premier pays producteur de pétrole à cesser ses exportations. Le ministre des Finances réclame des aides mondiales pour cet engagement climatique.

Sera-t-il entendu, contrairement à l’Équateur, en 2007 ?

Cela prendra quelques années, mais la Colombie sera sans doute le premier pays producteur de pétrole au monde à se passer de ce combustible fossile, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. C’était l’engagement audacieux de Gustavo Petro, annoncé dès la campagne électorale en juin 2022. Il a failli lui coûter la victoire : 50,47 % pour cet ancien guérillero de gauche, investi président en août, contre 47,27 % pour son adversaire de droite, un homme d’affaires populiste.

40 % des exportations

La politique pétrolière du gouvernement Petro a été allègrement critiquée et même qualifiée de « suicide économique ». Beaucoup d’observateurs prédisaient un revirement. En pleine crise mondiale – avec la fin du Covid, le conflit Russo-Ukrainien, les répercussions sur l’inflation, les prix de l’énergie, de l’alimentation –, faire une croix sur une production qui représente 40 % des exportations du pays et 12 % des recettes de l’État va creuser « un grand trou dans les finances publiques », martelaient les opposants.

La Colombie de Petro veut ignorer ces cassandres. À Davos en Suisse, vendredi 21 janvier 2023, devant les dirigeants du monde entier, la ministre colombienne des Mines, « Irene Vélez », a confirmé que « plus aucun nouveau permis pétrolier ou gazier ne serait dorénavant accordé ». Le pays ne sera pas immédiatement à sec. Il lui reste environ dix-huit annéesde réserves pétrolières connues, soit environ 2,3 milliards de barils, vingt-trois (23) années si la Colombie cesse ses exportations et réserve sa production à sa consommation intérieure. Ce qu’a plutôt en tête GustavoPetro. Et si les énergies renouvelables sont déployées et prennent le relais, la sortie serait hâtée.

Garder le pétrole restant à la maison                

Encore faut-il de l’argent pour le faire et compenser les pertes des ventes de barils. Lundi, lors d’un discours sous l’égide de l’agence desNations unies sur le commerce et le développement(UNCTAD), le ministrecolombiendesFinances, « José Antonio Ocampo », a appelé à des actions politiques et économiques d’envergure pour s’attaquer à la cascade actuelle de crises mondiales qui commencent à mettre plusieurs pays en voie de développement dans le rouge, voire en cessation de paiement de leurs dettes. Alors que « l’urgence est aussi de financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique »​.

Le monde aidera-t-il la Colombie ?

Le Danemark et le Costa Rica, membres fondateurs de la Beyond Oil and Gas Alliance (l’après-pétrole et gaz), dont la France fait partie, ont promis leur soutien, lundi 23 janvier, à la Colombie. Mais leur petit fonds initial de dix millions d’euros ne sera pas suffisant …
Le plan de sortie des fossiles de la Colombie sera un bon test pour le monde et ses grandes banques. « Être payé (3,6 milliards d’euros) ​pour laisser le pétrole dans le sous-sol » ​et préserver la biodiversité de la forêt tropicale, c’est ce qu’avait proposé, en 2007, un autre dirigeant sud-américain de gauche, l’ex-président équatorien Rafael Correa. Le monde avait dit « non merci », à l’époque.

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